Future Perfect de Mathieu Venagel ajouté par Khobin H.C.

Future Perfect est une installation participative qui a pris place le 21 décembre 2017 lors de la nuit étudiante au musée de Valence, par Mathieu Venagel Art 4

L’objectif était de construire le temps d’une soirée, un futur commun, fantasmé, collectif, physique, architectural, enfantin, utopique. Le titre se présente comme le temps de grammaire anglaise, connaissance qu’on nous enseigne à l’école/collège. Ici le matériau de base est un jeu et donc par extension ouvre un dialogue entre le domaine de l’enfance, de l’apprentissage, du collectif et de la démarche créatrice.

L’installation se constituait de plus de trois mille pièces de jeu Kapla ainsi que de deux tapis de jeu. Elle se situait dans la salle Hubert Robert du musée, une pièce remplie de toiles de tailles diverses qui représentent des ruines irréelles, fantasmées par le peintre. J’avais décidé d’une règle de base pour toutes les personnes participantes : 10 pièces d’un jeu comme 10 pièces liberté pour les enlever, les ajouter, toutes, ou quelques unes, au choix de chacun. Je souhaitais faire émerger une ville éphémère mais aussi faire apparaitre les ruines qui la suivraient indubitablement.

Nous allions voir si les acteurs de l’installation seraient capables d’ériger des structures « positives » de manière à créer une réalisation collective, ou bien se verraient bloqués par le manque d’organisation ou encore gênés par certains perturbateurs exprimant parfois leur personnalité subversive.

Je fus vite dépassé par l’engouement dont les participants ont fait preuve, jeunes et plus vieux participaient à valeur égale avec la même joie. Le jeu devenait un espace de création, appliqué, léger, éphémère, fragile et symbolique.

Les dialectiques : création/chaos, construction/destruction, action individuelle/collective, durable/éphémère, utopie/dystopie, étaient au cœur du projet. Elles reflétèrent assez innocemment une nature humaine qui s’exprimait à travers ces petites pièces de bois. Certains, fiers, se laissaient aller à de grandes constructions collectives, alors que d’autre par exemple, avaient pour première intention la création de petites catapultes vouées à détruire. Elles furent bien-sûr utilisées dans la joie et la bonne humeur.

Vers la fin de la soirée je laissai s’évanouir la règle du jeu pour que les participants fabriquent à leur guise cette petite ville de bois. Ce projet prodigua à tous différents enseignements. A propos de la difficulté de la tâche, nous constatâmes qu’il n’est pas aisé de construire une utopie à plusieurs, même avec des intentions similaires et positives, même avec de simples pièces de bois. Une fois finies, ces structures dégageaient au-delà de la matérialité de l’œuvre, des émotions gratifiantes de réalisation, de joie à la participation, ainsi que l’émergence d’un certain onirisme architectural.

Ce fût parfois le théâtre des confrontations entre subjectivités positives et négatives, créant ainsi lors de l’expérience une tension entre et fragilité et force, entre ordre et chaos. Il était facile de voir une certaine fascination pour la création et la construction qui motivait une majorité de personnes. Force était de constater que cet engouement se retrouvait parfois pour la destruction, l’anarchie ou encore l’individualisme que le principe de cette installation permettait.

Cette soirée et la participation active du public soutient ma réflexion sur de nouveaux dispositifs et installations, orientés vers l’action collective, l’éphémère, ainsi que la liberté créatrice.