Des panneaux dans la ville. Ils dépassent les magasins et se plantent dans les croisements de routes. Ils sont grands, gris, rectangle, s'imposent sans subtilité et diffusent le matraquage publicitaire à tout va. C'est le format des panneaux JC Decaux qui interpelle Victorien, ils ne nous laissent pas le choix.

Ces questions de cadre et de façonnage de nos subjectivités l'inspirent à jouer avec la forme : comment diffuser la contestation de ces mécanismes de coercition par le biais même de l'outil de contrainte ? Transformer l'acte de vandalisme en message légitime à l'intérieur même de la forme contestée.

Victorien construit donc ses panneaux miniature, en jouant avec le moule : il propulse de la mousse expansive de manière à créer une petite sculpture, qu'il emprisonne et aplatit dans un panneau en carton avant que ça sèche. La mousse expansive est une matière en mouvement, informe, libre, et chaque interaction avec le moule donnera un résultat unique. Est ainsi soulevée la question de l'unique dans la mass production. Cette matière expansive résonne avec son intérêt pour les questions transgenre et queer, qui effacent les barrières et les limites posées par la dualité du genre.

Ces mini-panneaux lui serviront de matière photographique pour recréer ses propres affiches, en grand format, diffusant des textes critiques de déconstruction des normes. Une action est envisagée de coller l'une de ces affiches directement dans un panneau Decaux, et de renvoyer le spectateur à un site web où le détail du processus est publié, ainsi que la totalité des textes dont sont pris les extraits imprimés.